Trois morts dans un accident d'hélicoptère en Terre Adélie

"I've been on helicopters, and I like them because they can land just about anywhere. Which is where I want to land the moment they take off."    — Mike Royko.

PARIS, 8 fév (AFP) — Trois personnes ont été tuées lundi en Terre Adélie dans l'accident d'un hélicoptère qui assurait la liaison entre le navire polaire l'Astrolabe et la base de Dumont D'Urville, a annoncé le secrétariat d'Etat à l'Outre-mer.

Les victimes sont le pilote du Lama de la compagnie Héliunion, le chef mécanicien de l'Astrolabe et le responsable des affaires logistiques de l'institut français pour les recherches sur les techniques polaires, dont le siège est à Brest. [resp. Bruno Fiorèse, Dario Lattanzi et Pascal LeMauguen]


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Pascal LeMauguen, responsable logistique

L'accident s'est produit alors que l'hélicoptère venait de redécoller de la base après y avoir déposé du fret pour regagner le bateau, a précisé Mme Brigitte Girardin, administrateur des Terres Australes et antarctique françaises.

Les conditions météorologiques en cette période de l'été austral n'étaient pas mauvaises, a-t-elle indiqué, et les causes de la catastrophe, qui a eu lieu dans la matinée, ne sont pas connues. Elle a précisé que la boite noire de l'appareil avait été retrouvée.

Les corps des victimes devront attendre l'arrivée d'un nouvel hélicoptère avant de pouvoir être conduits à Hobart en Tasmanie (Australie), à la fin de la semaine prochaine, et de là rapatriés en France, a indiqué Mme Girardin.


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Pascal LeMauguen et Pierre David en train de lutter contre l'incendie d'un container. Janvier 1998

Gauche: Pascal LeMauguen et Pierre David en train de lutter contre l'incendie d'un container. Janvier 1998

Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Jean-Jack Queyranne a rendu hommage lundi soir au "courage et au dévouement de ces personnels qui, pour servir la science et assurer une présence de la France sur ce continent travaillent dans des conditions extrèmes".

Une trentaines de personnes, chercheurs et techniciens, occupent en permanence la base de Dumont D'urville et un plus grand nombre durant l'été, comme c'est le cas actuellement. Elle est ravitaillée par l'Astrolabe qui effectue en ce moment sa quatrième tournée de l'été. Les débarquements ne se font que par hélicoptère, les bateaux ne pouvant accoster.

A Brest, le personnel de l'institut était sous le choc. "C'est un drame", a déclaré le directeur-adjoint Hervé Barré. "L'ensemble du personnel a été bouleversé et très profondément attristé quand j'ai annoncé la nouvelle, d'autant que tous ont l'habitude de faire des missions dans des zones extrèmes, sur ce continent glacé où soufflent des vents violents", a-t-il indiqué.

Parmi les victimes figure un "jeune agent très consciencieux qui allait régulièrement en Terre Adélie et aimait participer à ce type de missions", a précisé M. Barré avant d'ajouter: "Nos missions ont lieu dans un environnement difficile mais c'est la première fois qu'un accident de cette gravité se produit".

La Terre Adélie est située à une semaine de bateau de l'île australienne de Tasmanie. Elle reste isolée du monde durant près de neuf mois. La piste aérienne, construite en 1993, a été fermée un an plus tard sous la pression des associations d'écologistes.

Triangle très étroit de 432.000 km2, allant du pôle sud vers la côte, la Terre Adélie est la partie française du continent antarctique partagés entre plusieurs Etats.



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Bruno Fiorèse, pilote hélico.

AUCKLAND (AFP) — Le seul hélicoptère de la base Dumont d'Urville en Terre Adelie s'est écrasé lundi, alors qu'il effectuait la navette entre la principale base scientifique française en Antarctique et le bateau de ravitaillement l'Astrolabe.


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Bruno pilotant son hélico au dessus du buste de Paul-Emile Victor, le fondateur des expéditions polaires françaises.

Droite: Bruno Fiorèse, pilote hélico.

Gauche: Bruno pilotant son hélico au dessus du buste de Paul-Emile Victor, le fondateur des expéditions polaires françaises.

Ses trois occupants — le pilote, l'ingénieur de bord de l'Astrolabe et le directeur de la logistique de l'Institut Français pour la recherche et la technologie polaires (IFRTP) —, tous Français, sont morts dans l'accident dont les circonstances exactes n'ont pas été établies. L'administrateur supérieur des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), Brigitte Girardin avait annoncé l'accident lundi à Paris.

Le chef des opérations sur place, Pierre David, a indiqué à l'AFP que la météo n'était pas en cause: "Le ciel était nuageux mais il n'y avait pas de vent". Il a également indiqué que la base était en ce moment en "eau libre", c'est-à-dire non prise par les glaces. Mais, a-t-il précisé, "il n'y a que deux façons de charger ou décharger le navire, c'est par hélicoptère ou par barge".

L'Antarctique bénéficie en ce moment de soleil vingt-quatre heures sur vingt-quatre. L'Astrolabe, un "brise-glace de classe I" basé à Hobart, effectuait son avant-dernière rotation pour la saison. Le voyage entre Hobart et la terre Adelie, séparés de 2 700 kilomètres, dure en général six jours. Près de soixante-dix personnes sont actuellement sur la base. D'ici quelques semaines, les glaces empêcheront l'accès à proximité de l'île des Pétrels, et la station devra hiverner pendant six mois.

Pierre David excluait que toute autre base établie en Antarctique puisse apporter le moindre soutien logistique à celle de Dumont d'Urville, désormais privée de tout moyen aérien, en raison de son isolement géographique.

En 1993 une piste d'atterrissage a été terminée juste devant la base, mais elle n'a jamais fonctionné, certaines parties s'étant affaissées.

L'ambassade de France à Canberra et le consulat général de France à Melbourne, dont dépend la Terre Adelie, n'avaient pas été informés mardi de l'accident autrement que par une dépèche de l'AFP. Depuis 1992, l'IFRTP, basé à Brest, gère la base de Dumont d'Urville et assure la logistique des différentes missions scientifiques en Antarctique qui y sont effectuées.

Le dernier accident de ce type en Antarctique remonte à 1992, dans la dépendance de Ross, lorsqu'un hélicoptère s'était "ecrasé, causant la mort de trois personnes.